9 C. Batteux, Les Beaux-Arts réduits à un même principe, op. L’analogie avec ces éléments constitutifs du langage détermine dès lors trois classes de beaux-arts. C’est du champ de la pensée qu’il est ici question, et non du délire irrémédiablement privé. Ainsi, l'art désignait au départ toute activité de production humaine, par opposition aux productions naturelles. Pour formuler un jugement de goût, il faut être indifférent à l’existence de l’objet. 12Plutôt qu’au nom de l’imitation de la belle nature chez Batteux, ou de l’imitation ou expression de la beauté des corps visibles par la peinture, des actions par la poésie chez Lessing, Kant rassemble les arts du beau en tant que chacun d’eux exprime des idées esthétiques. Les termes de technê et d'ars renvoient tous les deux à un savoir-faire. Batteux Charles, Les Beaux-Arts réduits à un même principe, édition critique par Jean-Rémy Mantion, Paris, Aux amateurs de livres, coll. 11En termes d’attention accordée au propre de chaque art, on ne peut douter que Kant soit à situer plus près de Lessing que de Batteux. “It is the Land of Truth (enchanted name! cit., p. 240). En dotant lhomme de la raison et non dun instinct la nature a voulu non seulement quil invente les moyens de son existence mais aussi quil se donne des fins relatives à sa nature dêtre libre. Le médium, on peut l’appeler ainsi car il s’agit bien du moyen ou de la médiation de la communication universelle à opérer, le médium qui les rassemble est la forme, une forme vivifiée par un sens, une forme avec ce que le terme comporte (dans ce cas-ci) de spatialité et de rapport à la vue, mais avec la nécessité de donner à penser, d’animer les facultés et de transmettre des idées esthétiques (et non d’imiter). Elle consiste bien plutôt dans la charge menée, sur la base de ces différences, contre l’ut pictura poesis. Cette exclusion de la servilité à l’égard d’un modèle ou d’une règle préalable se répète du reste à l’égard des devanciers, des génies des générations antérieures qui pourtant peuvent servir de guides17. Nous avons bien, rassemblés ici, deux arts de l’espace ou de l’extension, selon la distinction chère à Lessing. C. Batteux, Les Beaux-Arts réduits à un même principe, op. La parenthèse vaut dans cette citation son pesant d’or, car si l’art des jardins se trouve valorisé comme peinture, la peinture didactique, à l’inverse, est rabaissée au moins au rang de l’architecture qui ne peut être purement et simplement un bel art, trop liée qu’elle est à des fins déterminées et à une utilité qui lui est essentielle. cit., p. 113 et 115. Ici : CFJ, § 51, p. 320. Si la nature se donne à voir comme si elle était portée par des fins, l’œuvre des beaux-arts, portée bien sûr par la poursuite consciente et volontaire de fins par l’artiste, ne sera belle que si cette finalité se fait aussi discrète que possible, aussi discrète qu’un semblant (« comme si ») de fin de la nature. Mais de ce que Kant a dit de la musique il convient de conclure que du point de vue le plus strict des beaux-arts, donc de l’animation des facultés plutôt que de l’attrait et des émotions, tous les arts plastiques derrière la peinture prennent le pas sur la musique dans le classement ; derrière la peinture, et en plaçant très certainement l’architecture derrière la sculpture en raison de son lien à une utilité déterminée. 2 Qu’on peut écrire avec une majuscule pour mettre à distance tout ce à quoi renvoient encore, par-delà les « beaux-arts », les traductions modernes de technè ou ars. 39Si Kant souligne ainsi que la poésie doit son premier rang à sa liberté presque totale et à sa capacité d’élargir l’esprit et à s’élever jusqu’aux idées par la réflexion, il écarte pour cause de tromperie ou de supercherie l’éloquence comme art de persuader, c’est-à-dire, précise-t-il, comme art « d’abuser par la beauté de l’apparence, et non pas l’art de bien parler » : la poésie l’emporte encore une fois en loyauté et sincérité52. Cette notion est dès lors capitale pour comprendre sa manière de classer et de hiérarchiser les arts24. La différence n'est pas toujours évidente entre l'art et la technique. 11 P. O. Kristeller, Le système moderne des arts, op. C’est uniquement sa représentation qui doit être à l’origine du sentiment de plaisir ou de pei… Ce qui semble fournir une ouverture à une multitude quasi infinie de supports possibles de formes, ou de jeux de l’imagination et de l’entendement, puisque les formes et le jeu peuvent concerner la pensée, l’intuition ou la sensation, et bien entendu toutes sortes d’association entre ces dernières. L’historien fait jouer un rôle clé à l’ouvrage de Charles Batteux, Les Beaux-Arts réduits à un même principe (1746)7, selon lequel les arts seraient beaux d’imiter la belle nature8. Dans les arts comme dans les techniques, il ne peut y avoir de production que s'il y a des moyens pour obtenir un but. Ce qui revient à dire que les bornes sont celles du sens. L’idée esthétique « permet de penser […] beaucoup d’indicible30 » : ce champ de la pensée ouvert, investi et animé de la sorte par l’imagination créatrice, et s’étendant « à perte de vue31 », comporte de l’indicible en droit. Le pluriel des beaux-arts précède l’usage d’un singulier qui les rassemblera (tout en admettant une hiérarchie et une articulation des différences) et dont nous sommes encore tributaires dans notre usage actuel, lorsque nous parlons de « subdiviser » l’Art (ou l’art). 20 Cette parenté mériterait une étude serrée qui ne peut avoir sa place ici. 19 Baumgarten utilise le terme et évoque le projet d’une nouvelle discipline scientifique dès 1735 ; le premier volume de son Aesthetica paraît en 1750. Kant sefforce de comprendre lart dans sa spécificité et non comme une espèce de connaissance. En s’en tenant d’assez près à l’usage, Kant place dans la première classe (les arts de la parole ou du mot) l’éloquence et la poésie ; dans la seconde (les arts du geste), la plastique et la peinture ; enfin dans la troisième (les arts du ton), la musique et l’art des couleurs. Le classement et la hiérarchie de Kant ne réduisent les arts (aucun d’eux) ou leurs médiums ni aux sens, aux impressions sensorielles, ni aux affects (individuels et impartageables, eux aussi), ni à l’intellectualité universelle du concept. 20L’expression d’idées esthétiques est le point de départ de la division des beaux-arts. Appareil est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. Les arts « décoratifs » (au sens que l’on vient d’évoquer) sont quant à eux valorisés comme beaux-arts dans la mesure où l’on y peut juger des formes sans considération d’une fin, en fonction de l’effet produit sur l’imagination. Par rapport aux divisions de Batteux, l’architecture rejoint plus pleinement le statut de bel-art, tandis que l’éloquence et la danse disparaissent de la liste des beaux-arts « par excellence »12. Lories Danielle, « Du cadre et de l’esthétique : Kant ou Derrida », in Lenain Thierry, Steinmetz Rudy (dir. On peut donc, non sans avoir indiqué que l’« esquisse » qui suit n’est pas à considérer comme « une théorie achevée », et qu’il s’agit « d’une des multiples tentatives possibles que l’on peut et doit encore effectuer35 », rappeler, aux desseins de cette analogie, que le mode d’expression langagier est en fait composé d’une triade constituée « du mot, du geste et du ton (articulation, gesticulation et modulation) ». Chaque œuvre obéit à des règles, l’expérience esthétique le montre. 30Enfin, Kant n’omet pas de dire en quoi ces arts des figures peuvent être analogues aux gestes, sont des arts du geste, par-delà l’analogie évidente qui veut que le geste accompagnant la parole soit la part de la communication qui est saisie par la vue et qui déploie une dimension spatiale : « […] l’esprit de l’artiste, à travers ses figures, donne une expression physique de ce qu’il a pensé et de la façon dont il l’a pensé, et […] il fait parler la chose elle-même, pour ainsi dire par une mimique : c’est là un jeu très habituel de notre imagination qui suppose une âme (Geist) aux objets inanimés d’après leur forme. 26Dans les arts du mot, l’opposition entre l’éloquence et la poésie annonce déjà largement le paragraphe sur la hiérarchie entre les arts, en soulignant que l’orateur manque à sa promesse d’une tâche conceptuelle, en vue d’une fin déterminée, en ce sens qu’il y introduit « un jeu divertissant de l’imagination » (ce qui n’est pas digne du sérieux de la tâche annoncée), tandis que le poète, n’annonçant qu’un jeu avec des idées, « accomplit quelque chose qui est digne d’une tâche », car son jeu alimente l’entendement et « donne vie à ses concepts par l’intermédiaire de l’imagination ». 41Cette ouverture possible à partir du classement et de la hiérarchie des beaux-arts chez Kant ne semble guère avoir été exploitée par les générations qui le suivirent immédiatement et s’inspirèrent pourtant largement de ses textes et en particulier de cette troisième Critique. L’art est une activité, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait, qui s'adresse délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l'intellect.On peut affirmer que l'art est le propre de l'humain ou de toute autre conscience, en tant que découlant d'une intention, et que … Il ne doit pas nous affecter dans sa matérialité. Mais cet effacement n’est surtout pas destiné à tromper l’œil ni à faire croire à un ouvrage de la nature : que l’art doit avoir l’apparence de la nature signifie qu’il doit sembler aussi « naturel » et spontané qu’une production de la nature ; on ne doit y voir ni témoignage de contrainte ou de soumission, ni trace d’artifice. L’idée esthétique est une instance sensible (non rationnelle ou intellectuelle) mais porteuse de sens, un sens qui ne saurait être dit en langage conceptuel, cognitif. En tout état de cause, la séparation tranchée de Lessing entre des arts de l’espace et des arts du temps est, une fois de plus, mise à mal par cette troisième classe d’arts, comme l’est aussi la division plus classique par techniques ou organes des sens. Ce qui importe est bien pour Kant la manière d’animer les facultés, de faire jouer imagination et entendement : les moyens sont soit des figures, soit des agencements, des configurations de sensations dans le temps ou dans l’espace, relevant de l’ouïe ou de la vue. cit., p. 227 (nous soulignons). La suite montrera en quoi le modèle de l’expression verbale est au cœur du classement kantien des arts. Mais l’agencement artistique des formes naturelles elles-mêmes est tout autre que celui de la nature et il est « adéquat à certaines idées », de sorte que, comme le produit de la peinture proprement dite, il « n’est lui aussi destiné qu’à la vue », et l’on retrouve de la sorte également la distinction des arts selon le sens auquel chacun d’eux s’adresse (comme chez Batteux). He felt that only by understanding the true limitations of human understanding and knowledge could one begin to pose valuable metaphysical questions. Kristeller Paul Oskar, Le système moderne des arts. Danielle Lories, « Kant, les beaux-arts et leurs moyens d’expression », Appareil [En ligne], 17 | 2016, mis en ligne le 11 juillet 2016, consulté le 15 janvier 2021. L’allemand distingue beschreiben de schildern. La parole est l’organe de la raison, le ton et le geste vont au cœur sans détour. Sans indication contraire toutes les citations de Kant sont désormais issues de ce § 51 dont le développement est suivi de près. Sur ce paragraphe cf. Kant distingue ensuite le talent et le génie : « Le génie, écrit Kant, est le talent (don naturel) qui donne les règles à l’art » (§ 46). 1 Pascal Krajewski, « Qu’appelle-t-on un médium ? Elle est toute spontanée. Immanuel Kant Quotes About Art 43. En effet, la question du principe de rassemblement des arts était loin d’être aisée à trancher dans l’héritage non seulement de la pluralité des Muses, mais aussi des divisions médiévales entre les arts libéraux (dignes de l’homme libre) et les arts « mécaniques » ou « mercenaires » (exercés par les serfs ou contre rémunération). L'art est synonyme de technique (cf. 43 La sculpture qui (comme l’architecture) occupe les trois dimensions de l’espace est vérité en ce sens et non apparence. Peu importe donc aux yeux de Kant le caractère très mécanique de certains de ces arts, et le caractère techniquement fort différent des uns et des autres. D’une part, le portrait du critique (littéraire ou d’art) qu’esquisse et défend Lessing prend le contre-pied d’une critique prétendant s’appuyer sur des règles a priori et intangibles, aussi bien que celui du projet récent d’une esthétique comme science19. En insistant sur le partage universel, dans l’esprit des Lumières, il insiste beaucoup moins que ne le feront les romantiques sur une intériorité passionnée et émotive, et beaucoup moins que ne le fera l’Idéalisme allemand, chez un Hegel, sur le contenu rationnel, qui n’est chez ce dernier rien moins que l’Esprit absolu qui se dira finalement de manière satisfaisante seulement dans le savoir philosophique et par rapport auquel, par sa nature sensible, l’art demeurera toujours en défaut. Emmanuel Kant: texte 3, … 42De sensibilité, Kant n’est (pour autant qu’on puisse donner un sens même très général à ces catégories) ni classique (il trouve la régularité vite pourvoyeuse d’ennui), ni romantique (la sensibilité exacerbée, l’expression des états d’âme individuels ne sont pas son affaire, pas plus que la passion pour un passé national). Kant posed that a mind can only think about things based on its own experience with them and that since the mind is wired toward the idea of causality, everything that we encounter comes to be thought of as either a cause or an effect. 32 C. Batteux, Les Beaux-Arts réduits à un même principe, op. cit., p. 231-233. au contraire, le travail est « une activité en elle-même désagréable. 22 Dans le Laocoon, pourtant, il n’y a pas d’abandon de la terminologie de l’imitation, laquelle fera ailleurs l’objet de vives critiques de la part de Lessing (cf. 1Afin d’éclairer la notion de médium artistique apparue dans les théories de l’art au cours du xxe siècle, on se propose ici de remonter le fil du temps bien en deçà de l’art moderne. Et l'art ? C’est une intuition faite sens, un sens fait intuition. 18 « Ut pictura poesis » : la poésie comme la peinture ; la comparaison d’Horace fut très largement utilisée dans son inversion : la peinture comme la poésie, à partir de la Renaissance en particulier, et elle a sous cette forme permis de calquer les théories de la peinture sur la théorie antique de l’art des mots : aussi bien la rhétorique que la poétique, du reste. 6Batteux éprouve encore le besoin de distinguer les beaux-arts des arts mécaniques en donnant aux premiers pour fin le plaisir, de sorte qu’une tripartition des arts selon leur fin s’établit : les arts mécaniques doivent satisfaire le besoin ; les beaux-arts visent le plaisir9 ; enfin, sorte d’intermédiaire entre les deux premières, une espèce d’arts a « pour objet l’utilité et l’agrément tout à la fois : tels [sic] sont l’éloquence et l’architecture10 ». Et de fait la valeur spirituelle que présente un événement, l’œuvre d’art le saisit et le fait ressortir d’une manière plus vive et plus visible que ce que l’on peut rencontrer dans le domaine de la vie réelle, non artistique . 40 Batteux imposait une règle aux arts à la fois utilitaires et faits pour le plaisir : ils ne méritent de rejoindre les autres beaux-arts qu’à condition de s’y soumettre : « dans les arts qui sont pour l’usage, l’agrément [doit prendre] le caractère de la nécessité même », comme « dans les arts qui sont destinés au plaisir, l’utilité n’a droit d’y entrer, que quand elle est de caractère à procurer le même plaisir, que ce qui aurait pu être imaginé uniquement pour plaire » (C. Batteux, Les Beaux-Arts réduits à un même principe, op. L’éloquence est dévaluée par sa fin déterminée (et peu morale) (CFJ, § 53, p. 326-327). La culture : l'art et la technique • Définition. 2Le présent propos sera centré sur une approche de ce que l’on peut appeler les médiums artistiques, si l’on entend par là que « d’abord matière, le médium est la transcendance d’un matériau d’origine et son exploitation artistique3. 26 Dans la « Dialectique du jugement de goût », Kant distingue deux manières de présenter (darstellen) un concept : l’une est connue, c’est le schème qui met en relation un concept avec l’objet d’intuition correspondant, dans le cadre cognitif. cit., p. 113) Chez Kant, voir en particulier CFJ, § 48 et § 50. 48 Au § 52 Kant évoque l’association des beaux-arts, notamment au théâtre ; il est rappelé que la danse est « un jeu des figures ». Bien sûr ces idées esthétiques sont des « intuitions », mais des intuitions « intérieures » auxquelles « aucun concept ne peut être complètement adéquat »33. Kant éprouve le besoin d’expliquer dans une note cette présence « étrange » de l’art des jardins comme espèce du genre pictural. L’art est distingué de la nature, comme le « faire » l’est de l' »agir » ou « causer » en général et le produit ou la conséquence de l’art se distingue en tant qu’oeuvre du produit de la nature en tant qu’effet. On s’éloigne nettement de la séparation tranchée de Lessing. Chez celui-ci, l’ut pictura poesis est à l’œuvre au point qu’il affirme qu’il n’est pas besoin de redire de la peinture (et cela veut dire des arts plastiques en général) ce qu’on a dit de la poésie : « ces deux arts ont entre eux une si grande conformité, qu’il ne s’agit, pour les avoir traités tous deux à la fois que de changer les noms, et de mettre peinture, dessin, coloris, à la place de poésie, de fable, de versification. Cette manière de présenter l’appréciation du goût indique, dès à présent, que la différenciation des arts du beau chez Kant ne se fera pas prioritairement par la distinction des sens auxquels ils s’adressent, comme c’était le cas chez Batteux. 22Sans prétendre que ce classement des beaux-arts par Kant présente une très grande originalité ou qu’il soit sans précédent37, il s’avère significatif pour le présent propos de relever ce que son principe met en exergue autrement que chez les critiques dont les noms sont évoqués, et qui concerne la portée des différences entre médiums artistiques. C’est le jeu des sensations qui est plaisant, qui anime l’imagination et l’entendement de concert, c’est lui qui produit une forme. » Il sera question de la classification des beaux-arts (et accessoirement de la hiérarchie qui en ressort) proposée par Kant, à la charnière, très signifiante à cet égard, des xviiie et xixe siècles. Le beau simpose à tous; il est lobjet dune satisfaction universelle. Ce qu’il faut effacer, c’est l’accord laborieux et la règle énonçable, connue, et reconnue, c’est la « forme scolaire », c’est-à-dire « une trace manifestant que la règle était présente sous les yeux de l’artiste et qu’elle a imposé des chaînes aux facultés de son esprit16». L’exposé conclut que la musique et la danse sont imitations de la nature et plus spécialement des sentiments et passions (tandis que la poésie est imitation des actions), la distinction se retrouve bien sûr chez Lessing. Nous nous demanderons ce qui les oppose et les rapproche. 15Aucun mot (concept) ne l’atteint, n’en rend compte totalement, et l’entendement est dépassé. 46 Ce sont elles que Kant a liées au Geist au début du § 49 sur le génie. Comme le siècle près de s’achever, Kant parle des « beaux-arts », s’interroge sur la manière de les classer, de distinguer et lier une pluralité unifiée sous cette appellation commune, mais n’évoque pas l’« Art » : le siècle suivant le fera. Kant believed that art needed to be beautiful and pleasing because good works of art would stimulate the mind into reacting to that beauty. cit, p. 240. 18L’idée esthétique, loin d’avoir son site originel au plus près de la perception sensorielle, est bien plus apparentée aux idées intellectuelles. Or il est clair que l’art … Il est un Aufklärer cosmopolitique, se réclamant de cet esprit des Lumières que les romantiques voudront balayer avec le classicisme. 14 Dans la seconde partie de son ouvrage, Batteux indique qu’« [il] établit le principe de l’imitation, par la nature et par les lois du goût » ; il propose donc une définition du goût. Il y a une distinction nette entre l'oeuvre de l'art et l'oeuvre d'art. Et on ne peut guère parler d’art des formes car le beau en tout art est forme ou formation, chez Kant. 6 Paul Oskar Kristeller, Le Système moderne des arts. On est en effet en droit de penser que la question du médium « est peut-être une résurgence d’un problème plus ancien des disciplines artistiques, autrement dit de l’idée même d’un pluriel, les arts, qui viendrait compartimenter la grande idée de l’Art, au singulier1 » , mais on pourrait aussi bien dire que la question de l’unité des disciplines que nous considérons aujourd’hui comme des « compartiments » de l’Art fut bien plus longue à s’imposer que la question du « compartimentage » de l’Art2. Ce faisant, le texte présente plusieurs caractéristiques qui méritent ici d’être relevées. L'émotion ressentie devant une œuvre permet d'accéder à la vérité, comme si seule une œuvre "vraie" pouvait émouvoir. Because of Kant's huge importance, an… A partir du §43, Kant sattache à définir lart et les beaux-arts. Ce qui est agréable à Pierre ne lest pas à Jean; personne nest tenu dêtre daccord sur lagrément dune couleur. 32Il y a bien « transcendance du matériau », et la logique des regroupements effectués par Kant peut sembler intéressante aujourd’hui, car cet élargissement de l’art de peinture pourrait être considéré comme annonçant, ou anticipant, en un sens l’extension moderne de ce que nous appelons, encore, les arts plastiques : Land Art, Body Art, performance même à certains égards – à ce sujet on relèvera que l’art des jardins (pourtant catalogué art pictural) exige aussi une prise en considération du temps47. Kant distingue l’art de la nature, de la science et du métier: 1. Ces deux mots ont d'ailleurs la même étymologie : technê, en grec, qui donnera ars en latin. Voir aussi la distinction que fait Hannah Arendt entre les produits de l'action, les objets technique et les oeuvres d'art.. 2. l’expression « arts et métiers ») tandis que les beaux-arts (la peinture, la musique, la sculpture, etc.) Mais en aucun cas il n’est pour cela question que ces formes qui relèvent de l’originalité du génie imitent des formes de la nature, fût-ce de la belle nature. Ainsi l'artiste est un homme qui fait son métier, comme le boulanger. Le beau est un sentiment de satisfaction; il ne se confond pourtant pas avec lagréable. Cela n’est nullement requis. Celle-ci serait incommunicable, ce qui est interdit par la norme du goût (l’universalité subjective) dans les limites de laquelle le génie doit se tenir25. En effet, le « Discours préliminaire » de d’Alembert consacre la liste des cinq beaux-arts que sont la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie et la musique : ce sont des arts voués au plaisir et à l’imitation. La réflexion d’aujourd’hui pourrait avoir intérêt à y faire retour, pour aborder une gamme infinie de médiums qui dans le vocabulaire de Kant ne sont jamais néanmoins, dans leur infinie diversité, que formes et jeux, insistant plus ou moins sur les composantes de pensée, d’intuitions ou de sensations. La Critique de la Raison pure Premier volet du projet critique kantien, cet ouvrage montre pourquoi la métaphysique ne peut constituer une vraie connaissance Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique L'histoire a-t-elle un sens ? L'art ne serait donc qu'un divertissement stérile et trompeur. C'est l'une des différences entre l'art et la technique, essentiellement utilitaire. En premier lieu, écrit Kant, il faut considérer le génie comme le « talent naturel qui donne ses règles à l’art ». Both comments and pings are currently closed. priori, et au sens général, toute pensée, même celle qui n’est pas et ne peut être une connaissance (comme l’Idée de liberté). Ou les évènements se déroulent-ils au hasard ? Le jeu est « une activité en elle-même agréable ». Divide and rule (Latin: divide et impera), or divide and conquer, in politics and sociology is gaining and maintaining power by breaking up larger concentrations of power into pieces that individually have less power than the one implementing the strategy. Kant – What is Art Immanuel Kant , a famous German philosopher who published a very influential work called Critique of Pure Reason, which was an investigation into the nature of reason itself. C’est en tout cas une autre façon d’insister sur la nature commune des beaux-arts : ce sont les arts de l’expression des idées esthétiques, et les techniques ne sont pas des critères essentiels de classement, pas davantage que la référence à un sens plutôt qu’à un autre. Il faut aussi distinguer lart du métier. 8 Ce qui lui vaudra rapidement de vives critiques, dont celle de Diderot. On doit opposer liberté et mécanisme. Une critique de la raison. C'est la technique - définie comme habileté (avoir l'art de) et moyen matériel symbolisé par le feu, à l'origine de la métallurgie, et donc de l'outillage - qui tire l'homme de ce mauvais pas, le sauve en lui permettant de se procurer le nécessaire. Quant à l’architecture, il est clair en revanche que sa recherche ne saurait être la seule expression d’idées esthétiques, puisque c’est « un certain usage de l’objet artistique qui constitue le point essentiel », ce qui vient « limiter » les idées esthétiques40. Cet art ne peut pour ces raisons « concerner que la proportion des différents degrés de la disposition (tension) du sens dont relève la sensation, c’est-à-dire la tonalité de ce sens ». Pourtant, dans sa créativité, le génie lève autant que faire se peut cette limite. 28Par ailleurs, et c’est un second point intéressant quant à ces arts du geste, la peinture reçoit elle aussi une subdivision (laquelle ne nous est pas familière), en tant qu’art qui « présente l’apparence sensible artistiquement liée avec des idées », puisqu’elle comprend d’une part les « arts de la belle description42 de la nature » et d’autre part les « arts du bel agencement de ses produits » ; ce qu’il faut entendre comme la peinture proprement dite d’un côté : Malerei, et l’art des jardins de l’autre. Le "comme" n'est pas sans importance. L'art n'a pas que le sens de « beaux-arts » : en plus des arts de l'artiste, il y a l'art de l'artisan, qui lui aussi réclame une technique, c'est-à-dire un ensemble de règles à respecter. Krajewski Pascal, « Qu’appelle-t-on un médium ? 31Il est clair que, par-delà l’analogie des trois classes d’art à la triade parole, geste, ton, on s’écarte ici très largement d’un classement par matériaux, ou par types de techniques requises : il y a loin de l’art du couturier à celui des jardins. La hiérarchie se fonde sur l’animation des facultés suscitée par l’expression de telles idées à même l’œuvre. C’est la représentation et non l’objet qui est cause du sentiment de plaisir ou de peine. His views on fine art stretch to the idea that it must be intentionally produced. Cette hiérarchie est guidée d’une part par la priorité donnée au jeu libre des facultés, ce qui signifie qu’une liberté plus grande de l’imagination donne la priorité à la poésie en un sens grosso modo déjà présent chez Lessing. 41 Il faut se souvenir que le jugement esthétique étant sans concept, la contemplation du beau ne saurait être faite d’une analyse qui s’efforcerait de vérifier la conformité du tableau ou de la statue à un concept ou à un récit quelconque. 21Par analogie, dès lors, il n’y a « que trois espèces de beaux-arts : l’art de la parole, l’art plastique (die bildenden Künste36) et l’art du jeu des sensations (en tant qu’impressions externes des sens) ». » En outre, on peut dire qu’en portant l’accent sur les différences entre les arts de l’espace et les arts du temps, en insistant sur les limites de la peinture (vouée à la représentation des corps) par rapport à la poésie (portant sur les actions), Lessing fait pencher la balance du sens signifié du côté d’une valorisation de la poésie plus marquée encore que chez les classiques. », dans Appareil [en ligne], 11/02/2015, consulté le 29 octobre 2015. 47 Car la nature a ses saisons, et le spectacle changeant du jardin devrait viser à animer l’imagination en toute saison, sans même parler du simple temps de la promenade indispensable à apprécier un jardin. 8Il faut d’abord constater qu’il ne reste presque rien du classique principe d’imitation chez Kant, puisque la notion même d’imitation est marginalisée à l’extrême. C’est que l’art des couleurs se trouve placé par Kant dans la troisième catégorie, celle qui correspond au ton, ce qui signifie pour lui qu’il s’agit d’un jeu des sensations. », Appareil [En ligne], Articles, mis en ligne le 11 février 2015, consulté le 11 juillet 2016. 7Après l’« étape décisive vers un système des beaux-arts » que constitue la thèse de Batteux, « la touche finale » audit système serait apportée par les Encyclopédistes11. Nous indiquons le paragraphe et si c’est utile la page du tome V de l’édition de l’Académie. Les comparaisons avec les deux références peuvent s’étendre à bien des notions : on pourrait aussi bien comparer l’imagination kantienne et celle mise en œuvre par Batteux. 4Pour ce regard rétrospectif inévitable, Kant nous offre un point de départ car sa troisième Critique n’évoque que deux théoriciens qu’il qualifie de « critiques du goût » : Batteux et Lessing5. La Raison, au sens large, désigne, chez Kant, tout ce qui, dans la pensée, est a priori et ne vient pas de l’expérience. Aucun de ces groupes ne fournit l’ancêtre de la liste des « beaux-arts » qui s’établit au xviiie siècle. Hannah Arendt: texte 18, L’art et la technique(p. 54) La culture de masse oublie la valeur des biens culturels.
Ophtalmologue Hôpital Gonesse,
Bramsito Losa Vente,
Samsung Note 10 Prix Maroc Marjane,
Synlab Lille Covid,
Laboratoire Ouvert Le Dimanche 94,
Plan National Pmi 2019 2022,